Métro-bar #9 : Lionel-Groulx

L'idée du rallye métro-bars est issue principalement d'une soirée de l'hiver dernier où nous nous étions notamment promenés autour du métro Lionel-Groulx, à la recherche d'un bar. Notre quête fut alors sans succès et nous avions préféré quitter les lieux et reprendre le métro vers ailleurs.

Depuis, nos techniques de recherche se sont raffinées et notre Mission est devenue plus importante à nos yeux. En ce dimanche soir, nous devons donc réussir. Heureusement, nous n'aurons pas à marcher beaucoup. Les quatre stations adjacentes à Lionel-Groulx (Atwater, Charlevoix, George-Vanier et Place-Saint-Henri) sont situées assez près. Et les artères commerciales ne pullulent pas. On parle essentiellement de Atwater et de Notre-Dame.


Il fait encore clair et beau. La rue Atwater n'est pas très prometteuse et nous savons qu'il y a un bar sur Notre-Dame, vers l'ouest. Le Bar Chez Pierre. Mais selon ce qu'on a déjà vu, les non-habitués se font intensément questionner du regard s'ils osent se pointer là. Ce sera notre dernier recours.


On s'engage donc sur Notre-Dame, d'abord vers l'est. Mais notre limite est non loin. Peu après la rue Vinet, on s'approche trop du territoire de la station Georges-Vanier. On revient sur nos pas. On n'aura vu que quelques restaurants, un antiquaire et divers commerces inintéressants.


De l'autre côté d'Atwater, ça bouge déjà plus. On passe devant une taverne sombre et visiblement peuplée. À la télé, du baseball. C'est en fait le documentaire de RDS sur les Expos de Montréal. C'est gagnant. Car après le baseball, il y a le hockey. À 20h.


On continue tout de même, pour évaluer s'il y a d'autres alternatives. L'incroyable flotte de voitures orange stationnées de part et d'autre de la rue Notre-Dame du restaurant New System, mythique dans le sud-ouest, nous fait sourire. Encore une fois, la présence de poulet nous donne faim.


Soudain, on l'aperçoit. Le Bar Chez Pierre, aussi glauque, peu invitant qu'on puisse l'imaginer. Mais oh! Il est tout juste de l'autre côté de la rue Bourget. Il faudra piger Place-Saint-Henri pour y aller. Et de toute façon, il semble fermé...


On prend une pause sur un banc de parc. Précisons que pendant la même journée, on était allé manger de la pizza à Saint-Lambert, observer des dinosaures au Madrid et boire une bière à Drummondville. Autour de nous, plusieurs jeunes gens parlant russe (on suppose), chevauchant tous des vélos très décriss se promènent sur Notre-Dame. Pourquoi? Qu'est-ce que ça veut dire. Ben voyons! La seule explication possible est évidente: c'est l'association des cyclistes russes amateurs de vieux vélos décriss du quartier Sud-Ouest à Montréal qui font leur réunion mensuelle...


On va finalement à la taverne sombre de tantôt (dont nous avons oublié le nom), où il y avait du baseball. Et qui dit baseball dit Labatt 50. «Le baseball Labatt 50 des Expos à Radio-Canada»!


La taverne est immense, peuplée de forts dignes représentants du quartier Saint-Henri. Plusieurs individus tétant leur bière seuls, d'autres saoulons qui s'engueulent, une barmaid qui fait semblait d'être leur amie, des va et vient constants... Le facteur olfactif nous confirme que nous nous trouvons dans une véritable taverne comme on n'en invente plus : ça sent le grand-papa.


Trois bars au total dans l'immense pièce. Mais un seul qui sert vraiment. Les deux autres bars servent juste pour leurs permis d'alcool supplémentaires, qui permettent d'avoir plus de machines de loterie vidéo. C'est cinq machines permises par bar. Oui, il y a quinze machines au total dans la place. Beau spectacle. Vivement que la game commence. Mais vont-ils mettre le son?


À 20 heures, 0 minute et 3 secondes, la barmaid lance au gérant: «Heille! Peux-tu mettre le son???». Sourire. On est au bon endroit! Un bon match encore une fois. Dustin Byfuglien fait sentir sa présence. Et les Labatt 50 descendent bien.


Un vieux monsieur qui a l'air d'une grenouille regarde deux bocks de bière perdre leurs bulles devant lui, deux pailles dans chacune, attablé probablement à la seule table d'où on ne peut voir aucun des nombreux téléviseurs. Allez savoir.


Une gang de chilleux entre au bar un peu plus tard, pour disparaître aussitôt dans le fond. Une visite à la salle de bain interrompt leur party de poudre. L'envie nous quitte furtivement et nous ressortons de la même façon.

La serveuse nous ignore totalement. Malgré les habitués qui récitent passionnément des réquisitoires contre la société en général, nous cessons assez rapidement d'être divertis.


N
ous quittons après deux périodes pour aller finir la soirée au Black Jack. C'est hors limite, mais nous avons déjà rempli notre mission pour ce soir.

Arrivé au Black Jack, malédiction. C'est rendu 5 à 2 pour Chicago. On est encore punis pour avoir abandonné notre mission. Mais l'intrigante barmaid du samedi soir est là. Celle qui a plus que quiconque l'air d'une vieille barmaid de 55 ans... en début de carrière. C'est à elle que devaient ressembler toutes les barmaids de taverne en 1970.


Notre fatigue nous rattrape toutefois bien assez vite. Et cette bière sera la dernière. Le match est fini. Vancouver s'est dégonflé pour perdre 6 à 3. Et le métro Lionel-Groulx ne restera pas mémorable dans cette aventure.

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