Métro-bar #8 : Verdun


Je l'attendais avec impatience : nous avons pigé la station Verdun mardi dernier, le 28 avril. Pour la première fois, j'ai pu me rendre au point de rendez-vous à la marche. Ça fait changement, après la soirée à Langelier.

C'est la première soirée métro-bar sans le Canadien, mais l'après-saison commence bien. Nous avons droit à deux matchs #7 ce soir. Le premier oppose les Capitals de Washington aux Rangers de New York, et l'autre voit les Devils du New Jersey affronter les Hurricanes de la Caroline. Ma prédiction : après ce soir, il n'y aura plus de hockey dans la région de New York jusqu'à l'automne.

Nous devons toutefois trouver un bar, et nous sommes à Verdun. La légende veut que l'ancienne ville de Verdun possède un règlement interdisant tout débit d'alcool sur son territoire. On fait souvent référence à une certaine «Loi Scott», pour désigner ce règlement. La loi permettrait à toute municipalité d'interdire l'ouverture de débits de boisson sur son territoire. Ce n'est pas exactement la vérité.

Un peu d'histoire
La loi Scott, en vérité la Loi de tempérance du Canada, trouva source en 1864, alors que le parlement du Canada-Uni adopta un règlement tel que décrit plus haut. Quatorze ans plus tard, la loi fut étendue à l'ensemble des provinces britanniques de l'Amérique du Nord (qui n'étaient pas encore toutes canadiennes).

En 1898, le gouvernement canadien posa la question suivante à ses citoyens par voie de référendum : «Êtes-vous favorable à la passation d'une loi défendant l'importation, la fabrication ou la vente de spiritueux, vins, bière, ale, cidre et de toutes autres liqueurs alcooliques comme breuvages?» L'option du OUI l'emporta par 51,2 % à l'échelle canadienne. Cependant, cette loi épeurante ne fut jamais adoptée par le parlement, notamment en raison de son rejet par une seule province... Le Québec fut seul à voter NON, par un massif 81,5 %.

Le gouvernement fédéral laissa les provinces décider elles-mêmes.

C'est ainsi qu'en 1919, au Québec, une question référendaire d'une orientation assez différente fut formulée : «Êtes-vous d'opinion que la vente des bières, cidres et vins légers, tels que définis par la loi, devrait être permise?» Le OUI l'emporta par 78,62 %, ce qui limita la prohibition provinciale aux spiritueux à partir de cette même année. Seules sept circonscriptions votèrent NON à ce référendum, dont celle de Huntingdon. Stéphane Gendron avait-il un arrière-grand-père militant?

À partir de ce moment, le Québec était le seul endroit au nord du Mexique où de l'alcool était vendu légalement.

Deux ans plus tard, la prohibition fut déjà abolie au Québec, et la Commission des Liqueurs du Québec vit le jour. Elle devint plus tard la SAQ et nous l'aimons tendrement.

De retour à Verdun
Verdun adopta un règlement en 1965 interdisant l'établissement de certains débits d'alcool à l'intérieur de ses limites, mais ce règlement fut abrogé en 1996. Conséquement, il y a des bars à Verdun. Probablement pour des raisons historiques, il y en a cependant très peu, et on trouve plusieurs vieilles tavernes immédiatement à l'extérieur des frontières de l'arrondissement.

Revenons à notre défi. Quoi qu'on puisse en penser, il n'y a pas un seul endroit où la rue Wellington est à une distance de marche inférieure du métro Verdun que d'un édicule du métro de l'Église. Au point où c'est le plus serré, ce dernier l'emporte par environ 40 mètres. Nous devons donc nous concentrer sur la rue de Verdun vers l'ouest.

Rapidement, il est clair qu'il n'y a que deux options. Le Billard Desmarchais est situé en haut d'un escalier long, brun et étroit. C'est horriblement winner : tables de pool (évidemment), plein de tables de poker – avec croupiers... – éclairage de cafétéria, la radio qui joue, et une TV... qui annonce le menu musical de la soirée. Ce serait écrit «réservé aux habitués» que ce ne serait pas plus clair. Pas de game. On s'en va.

On continue un peu vers l'ouest, pour la forme. Mais rapidement, on se rend compte que ça ne mène nulle part. Littéralement, puisqu'on approche du fleuve. On rebrousse chemin.

Le seul autre choix est le splendide Resto-Bar Nouveau Verdun. Je connaissais le resto-bar, mais c'est maintenant devenu un restaurant et un bar côte à côte. Il y a un mur entre les deux.

Nous sommes charmés. Marilyn la barmaid nous donne pratiquement la télécommande pour zapper entre les deux games et anime la discussion avec quelques habitués complètement saouls impressionnés que nous commandions de la Labatt 50. L'établissement apparaît très tout croche, à l'exception des toilettes, qui te font sentir important. Elles semblent avoir été rénovées hier. C'est trop propre, comme dans un hôtel.

On commence par regarder les Capitals mettre fin à la saison des Rangers. Puis nous sommes témoins d'une fin de match comme il ne s'en fait pas assez. Les Devils se dirigent vers une victoire de 3 à 2 contre les Hurricanes, au grand plaisir de Marilyn. Coup de théâtre : à une minute et vingt secondes de la fin du match, l'égalité est créée. Quarante secondes plus tard, Martin Brodeur est déjoué de nouveau et les Hurricanes prennent les devant.

Après ce soir, il n'y aura plus de hockey dans la région de New York avant l'automne. Mais il y aura dorénavant des sorties à Verdun. Cheers.

Sources :
Wiki (1), Wiki (2), Historica, Ville de Montréal.

Métro-bar #7 : Langelier



Une première incursion dans l’extrême-est de la ligne verte. Je l’attendais, celle-là. Les alentours des stations L’Assomption, Cadillac, Langelier et Radisson sont probablement parmi les plus étranges du réseau. La rue Sherbrooke dans ce coin-là ressemble au boulevard Taschereau et les rues transversales, résidentielles, semblent avoir toutes poussées en même temps, en 1974.

Le récit
C'est vers 17h30 le 20 avril que nous apprenons que la station Langelier sera notre destination dans le cadre de notre Mission. L'enjeu est de taille : c'est le troisième match de la série du Canadien contre les Bruins. La défaite pousserait le Canadien à un match de l'élimination.

En sortant du métro, la rue Sherbrooke semble prometteuse dans un sens et dans l'autre, mais les limites sont claires : pas plus loin que l'avenue de Carignan à l'ouest, et pas plus loin que le centre de l'avenue Haig à l'est, sans quoi on déborde en territoire des stations Cadillac ou Radisson. Histoire d'aller explorer un peu, on met le cap vers le sud sur Langelier.

Comme je l’ai dit, on est sur un tronçon résidentiel, qui est né en 1974 et qui a aussitôt figé dans le temps. Les gens qui habitent là ont presque encore hâte aux Olympiques...

On arrive au coin d'Hochelaga, où se termine le boulevard Langelier. En face, c'est le Musée du corps des magasins militaires, qui occupe la partie nord du grand territoire de la base militaire Longue-Pointe, des forces armées canadiennes.

Nous marchons vers l'est jusqu'à l'avenue Haig, et on le voit... Le bar Nul Part (sic). C'est très beau. Une façade de taverne absolument atroce, des fenêtres minuscules, pour être ben sûr de ne laisser entrer aucune lumière et un effort esthétique évident à n’afficher aucune forme de charme. Il ne manque qu’une enseigne «serveuses sexy».

Une discussion nous permet de constater qu'on n'est pas d'accord au sujet de l'appartenance de l'endroit au métro Langelier. Peut-être est-il sur le territoire de Radisson. Nos plans nous aident un peu et on décide d'abandonner et de revenir sur Sherbrooke par Haig. Les maisons de cette avenue sont majoritairement unifamiliales et très dépareillées. C'est un coin fort charmant, en somme. Nous rencontrons même une pépinière en cours de route. 

Nous reviendrons sur le bar Nul Part un peu plus loin.

De retour sur Sherbrooke, les espoirs de retirer quelque chose de cette zone commerciale s’amenuisent. Des restaurants inintéressants, un motel/restaurant chinois avec un bar fermé les lundis, on repasse devant la station Langelier, puis on voit un salon de quilles dans un centre d’achats et finalement, enfin, un bar de billards! Du côté nord de Sherbrooke, tout juste à l’ouest de... la rue De Carignan.

Une autre discussion s'engage afin de déterminer si c'est plus proche du métro Langelier ou de Cadillac. Le résultat est le même qu'il le fut pour le Nul Part : hors limite, ou trop incertain pour rendre une décision. Nous y reviendrons également un peu plus loin.

En marchant, nous avions vu un salon de quille dans la Centre Commercial Domaine, juste à côté de la station de métro. Nous y retournons, décidés à nous rendre à un bar dont nous connaissons l'existence, près de la rue Beaubien, si c'est un échec.

Finalement, juste à l'entrée du centre commercial, il est là : devant nous, le Resto Pub Aurora. Un restaurant de burgers et d’ailes de poulet avec des pichets de bière comme apéritif, accompagnement et digestif. C’est parfait. Pour le principe, on va quand même voir au bowling. 


C'est une soirée de ligues ce soir, et le salon est plein. Il n'y a que deux places assises (et occupées) devant la seule télé qui présente le match de hockey. Dans la section bar, il y a également un téléviseur... éteint, et datant des années 70. Les regards des nombreux joueurs nous donnent l'impression d'être tout aussi à notre place qu'un duo de gazelles dans un cabinet de dentiste. On oublie ça et on retourne au Aurora.


Si près de notre point de départ... Et ça se révèle exactement ce que nous cherchions : des télés partout, de la bière, et des vieux qui jacassent, dont un fanfaron qui prend pour Boston. Probablement un autre crétin qui va juste y aller pour le favori, peu importe la situation.

La parenthèse...
Il existe une seule bonne raison de ne pas souhaiter la victoire de l'équipe locale. Si vous habitez à Montréal, mais êtes originaires, mettons, du New Jersey, je peux comprendre que vous encouragiez les Devils. Par contre, un habitant de Pointe-Saint-Charles né à Ville-Émard, ça ne prend pas pour les Bruins, sauf pour se faire remarquer, ce qui est l'apanage d'un connard.

La seule exception à cette règle : un ancien partisan des Nordiques a le droit de continuer d'haïr le Canadien. Parce que nous aussi, on continue d'haïr les Nordiques. Fin de la parenthèse.

La discussion à l'Aurora
Le temps est aux questions concernant notre mission. Quelques points méritent d'être approfondis. Nous en parlons en regardant la défaite de 4 à 2 du Canadien.

Tout d'abord, nous constatons que notre dernier récit, au métro Mont-Royal, s'est révélé être le meilleur à date. Pas que la soirée ait été plus agréable (bien que je crois que ce fut le cas), mais surtout, nos comptes rendus respectifs ont atteint une complémentarité particulièrement appréciée.

Nous avons remarqué une constante lors de nos expéditions. Outre l'omniprésence de cimetières et de restaurants de déjeuners (et de Tim Hortons), nous semblons toujours nous diriger d'abord le plus loin possible avant de revenir sur nos pas. Nous pourrions explorer les environs immédiats des stations de métro et nous arrêter dès que nous trouvons quelque chose de potable, quitte à changer de place entre deux périodes si ça s'avère un flop. Puisque nous pigeons la station à peine une heure ou deux avant le match, nous appliquerons probablement cette nouvelle approche bientôt.

Le retour sur Nul Part
Je reviens maintenant sur les bars Nul Part et El Cid. Concernant ce dernier, j'avais raison, c'est environ 200 mètres plus proche de Cadillac. Le sens de la règle est plutôt «à quelle station débarquerions-nous pour aller à cet endroit». Dans ce cas, la réponse est claire. Par contre, Ben va probablement me fusiller en apprenant que le Nul Part est clairement 400 mètres plus proche de Langelier, en marchant.

C'est pourquoi nous devrons faire un ajustement dans notre équipement. Des connexions sans fil sont disponibles un peu partout et il serait pratique d'avoir un moyen de les utiliser pour vérifier les distances sur place, avec l'outil de mesure de trajet de Google Earth. Nous vous tiendrons au courant des développements à ce sujet, que ce soit un iPod Touch ou un netbook.

Le Canadien en six?
Finalement, le Canadien ne va pas très bien, c'est le moins qu'on puisse dire. Jusqu'à présent, notre défi impliquait les matchs de l'équipe locale, et nous aurions aimé que ça dure jusqu'en juin. Cependant, bien que je n'aie personnellement jamais jeté la serviette avant la fin, il faut parler de l'après. Étant donné mon emploi du temps et celui de Ben, la prochaine pige n'aura pas lieu avant le 28 avril. Ce sera la game 7 de la série, si le miracle se produit. Sinon, on fait quoi?

Les matchs des séries éliminatoires sont tous présentés à la télé. Nous continuerons donc sans le Canadien s'il le faut, puisque cette Mission doit être menée jusqu'au bout. D'ici la fin des séries, nous utiliserons à peu près les mêmes règles, à l'exception du fait que le match présenté pourra opposer n'importe quelles équipes. Ce n'est pas encré dans le béton. Mais je crois qu'il s'agit du meilleur scénario envisageable pour l'instant. Après la Coupe, on verra. Mais on n'arrêtera pas sous prétexte que c'est l'été. On a l'Impact, on a les Alouettes, il y a des courses de F1... Et nous avons déjà une idée des critères hors saison. Nous vous en parlerons en temps et lieux.

Il n'est plus possible que ma prédiction des Canadiens en six se réalise, mais je garde espoir pour la victoire. Je sais, c'est très improbable, mais ce n'est pas complètement impossible. Au pire, j'accepterai de couler avec le bateau. C'est la faute de Ted le canard, tout ça...

Bon.

Métro-bar #6 : Mont-Royal



Exceptionnellement, nous vous présentons ici deux comptes rendus de la soirée car nos récits respectifs se complètent magnifiquement.


Mont-Royal (par Ben)


C'est un difficile scénario de deux matchs en deux soirs pour l'équipe de la Mission Métro-bar cette semaine. Heureusement, on n'aura pas trop à se casser la tête en ce mardi de match crucial contre les Rangers: on aboutit au métro Mont-Royal.

Nos horaires de travail respectifs ont bien fait les choses aujourd'hui, on peut se permettre de se donner rendez-vous aussi tôt que 17h30, afin d'aller engloutir une poutine de la Banquise avant le début du match. Sur les lieux, c'est le rush de la sortie des classes (apparamment). Une quantité monstrueuse d'enfants font tellement de bruit qu'on espérerait un solo de marteau-piqueur pour calmer nos oreilles un peu...

Et détail fort inquiétant: on est incapable de dire si ces jeunes sont d'âge primaire, secondaire ou collégial. Je suppose que c'est le coup de vieux dont nous avions besoin. Tout comme celui qui nous happe lorsqu'on réalise qu'aucun de nous n'est capable de finir son assiette. «Le format régulier aurait été suffisant». «Oui, grand-papa, t'as raison».

En plein coeur du Plateau, on va où pour écouter la game? Oui, bien sûr, on le sait. Mais on est déjà allé très souvent aux Verres Stérilisés. Il faut donc trouver mieux. Il y a le Bar Normand, qu'on a connu dans le cadre d'un ancien projet, mais qui, paraît-il, a abandonné depuis ce temps-là sa clientèle de taverne pour devenir branché.

Il ne pleut pas, mais il fait froid. On s'y dirige donc, il n'est pas encore 19h, la game n'est pas commencée. On risque seulement de manquer l'analyse de Dave Morissette. Vous conviendrez qu'on est capable de vivre sans.

On arrive sur place. Plein de monde dans le cadre de porte et à l'intérieur, l'endroit est bondé de jeunes branchés et de musique enlevante. En à peine quelques secondes, on étouffe déjà. C'est insupportable. On sort rapidement.

Rendu dehors, deux possibilités. Aller vers l'est, au coin d'Iberville, pour voir si le Spot existe encore. Un endroit de front pas subtil où il faut sonner pour entrer, le billard est gratuit, le pichet à 6$, le toit coule et la musique est monstrueusement poche. Ou encore, aller un peu vers l'ouest, au Bar Mont-Royal. On était passé devant en chemin. Et à d'autres occasion également. Et je me suis toujours dit que ça devait être la dernière vraie taverne du Plateau. Parce qu'on s'entend que les Verres Stérilisés, c'est quand même pas mal mainstream.

Considérant le doute quant à l'existence du Spot, on se rend au Bar Mont-Royal. Une merveille. Ce bar est parfait.

  • La densité est parfaite, la faune locale, riche et fort bien diversifiée.
  • Un bar en U au centre de la grande pièce.
  • Authentiques chaises de taverne en bois.
  • Suffisamment de télés et le volume à un niveau ni trop haut, ni trop faible.
  • Une serveuse dévouée qui nous propose un pichet à 6$.
  • Une table de billard, une machine à pop corn, une salière sur chaque table.
  • Un juke-box, du Laurence Jalbert, une machine à toutous.
  • Un menu décriss où le vin revient deux fois dans la liste, une fois à 4,50$, une fois à 7$. Sans oublier les langues de porc dans le vinaigre.
  • On nous sert notre pichet avec deux authentiques verres de taverne.
  • Sur la table, on a un sous-verre en forme d'étoile de Ninja, au cas où...
  • Une proportion respectable des clients de la place boivent de la grosse 50. Ces gens-là savent vivre.
  • Les murs sont en bois, la déco n'est pas plus jeune que les années 70.
  • Près de nous, des personnages étranges aux allées et venues suspectes nous rappellent, je ne sais plus trop pourquoi, Alfred, Batman et Daniel Boon.
Une fort belle soirée. À revisiter à coup sûr. Même si le Canadien a perdu 3-1.


Mont-Royal (par Raton)


Deux matchs en deux soir pour l'équipe, ou devrais-je dire le duo, de la Mission Métro-bar. Vous avez déjà pu lire le compte rendu de la première de ces deux soirées. La suite se trouve plus bas. Pour la rencontre entre les Rangers et le Canadien, le 7 avril dernier, notre défi sera différent des précédents.

Cette fois, contrairement à notre habitude, il ne suffira pas de trouver un bar, chose ô combien facile autour du métro Mont-Royal. Non, il faudra dénicher, dans une zone vaguement délimitée par la rue d'Iberville à l'est, la rue Rachel au sud, l'avenue du Parc à l'ouest et un trait imaginaire parallèle à l'avenue du Mont-Royal, un peu au nord de celle-ci (mais pas trop près du métro Laurier), bref, trouver un bar présentant les qualités recherchée... et que nous ne connaissons pas déjà.

Ça peut sembler pompeux comme défi, et il existe probablement des endroits qui rempliraient cette dernière condition. Je ferai d'abord un petit retour sur deux autres endroits que nous connaissons et chérissons, pour diverses raisons.

D'abord, la taverne aux Verres Stérilisés, coin Rachel et Saint-Hubert, est la place ultime où aller regarder le match. C'est plein de partisans du Canadien, de bonne bière par chère, de pop corn gratuit, et d'un barman qui ressemble à Saku Koivu. Mais il s'appelle Éric. Arrivez tôt si vous voulez de la place.

Le Bar Normand, anciennement un magistral exemple de taverne du troisième âge, est désormais un endroit très couru pour les matchs du Canadien. C'est Miss Miller, la fille de ce blogue, qui me l'avait fait remarquer par l'un de ses billets. Je connaissais l'ancienne incarnation du bar, où il faisait bon arriver en groupe de 40 personnes afin de vider tout le stock de grosse Labatt 50... Le bon temps.

Nous décidons de mi-tricher et d'y aller ce soir-là, puisque le «nouveau Normand» nous est effectivement inconnu, sinon de réputation. Mais même en marchant rapidement après l'obligé souper à La Banquise (où semblaient réunis tous les enfant de 13 ans du Plateau, en plus d'un mini groupe de touristes), nous ne pouvons arriver chez Normand avant que la place soit presque remplie à ras bord.

Quelques secondes après être ressorti, je me rends compte d'avoir croisé la même Miss Miller dans le portique (à moins que je me trompe). Mais j'y ai pensé une seconde trop tard pour dire bonsoir. Je me corrige maintenant : bonsoir.

Non loin de là, toujours sur l'avenue du Mont-Royal, nous trouvons un lieu que vous avons souvent vu, mais que nous n'avons jamais visité : le bar Le Mont-Royal. En entrant, nous comprenons que c'est là que nous resterons toute la soirée. Ça sent la cafétéria de résidence pour personnes âgées, tout est en bois, et surtout le petit pichet coûte ce que coûte un petit pichet dans une taverne digne de ce nom : 6 $.

Nous nous laissons distraire par la faune du bar. C'est presque comme un souper théâtre. Dans un coin, le Doyen observe tout le monde du coin de l'oeil, craignant de se faire voler sa majestueuse pinte ornée d'un logo du Canadien, la seule du bar. Il est accompagné d'un Daniel Boone avec une canne, qui se lève aux trois minutes pour ne revenir qu'un quart d'heure plus tard chaque fois. Il doit avoir une vessie expéditive. Ou un penchant intermittent pour les machines à vidéo poker.

À un point, le Doyen doit reconduire l'Apprenti Doyen. Il prend sa voiture stationnée en avant de la porte (ça paye, arriver tôt) et revient quelques instants plus tard, seul. Une automobile est sommairement garée directement dans l'intersection de la rue De Brébeuf, avec les feux de détresse. Et le Doyen a pourtant retrouvé sa chaise et sa pinte. Est-ce sa voiture qu'il a laissée là, s'étant fait voler sa place de stationnement rêvée? Mystère.

Le même petit groupe de touristes qu'on avaient vus à la Banquise nous retrouve, le temps d'une bière. En fait, ils se retrouvent à la table d'à côté. À leur départ, je me demande si on devrait les suivre. Pour un touriste, voir le même duo de Montréalais dans trois endroits qu'il visite dans la même soirée, quelle image ça donne?

Notre manque d'attention déstabilise visiblement Carey Price. Les Rangers l'emportent 3-1 et le Canadien n'est toujours pas assuré d'une place en séries.

Heureusement, nous constatons que la voiture dangereusement abandonnée n'appartient pas au Doyen. Nous voyons plutôt un homme y entrer avec ce qui semble fort être un enfant kidnappé, et ils démarrent rapidement.

Ouf. Nous avons craint que le Doyen perde son permis de conduire.

Métro-bar #5 : Crémazie

C'est à l'occasion d'un petit lundi soir pluvieux que s'est tenue la 5e édition du rallye métro-bars. Heureusement, nous avons pigé Crémazie. Nous avons donc pu être protégés de la pluie en restant en-dessous de l'autoroute métropolitaine, le temps de se demander où pourrions-nous bien aller voir la game et boire une bière dans cet endroit fort inhabituel.

Au métro Crémazie, nous sommes d'abord confrontés à un dur choix. Sortie nord ou sortie sud? Ahuntsic ou Villeray? Le métro Crémazie, c'est le duel des arrondissements. Là où deux édicules jumeaux se regardent, et se méprisent mutuellement, entre les piliers de l'autoroute métropolitaine.

Même si nous avons été floués il y a quelques semaines par le métro Sauvé, nous donnons une deuxième chance au quartier Ahunstic, qui a au moins le mérite d'héberger trois cégeps (dans ta face, Villeray!). Nous nous dirigeons vers l'un d'eux, en empruntant le boulevard Crémazie vers l'est, jusqu'à la rue Saint-Hubert. Nous regardons vers le nord, vers le cégep (il doit ben y avoir un bar, esti, y'a un cégep!). Amère déception. Il pleut fort et aucune activité commerciale en vue, quoique la visibilité semble réduite à 100 pieds en raison de la pluie.

Nous rebroussons chemin. Il y a toujours bien la Brasserie du Métro, sur Lajeunesse. Mais on la connaît. Le but de l'exercice est de trouver du nouveau. On retourne sous l'autoroute métropolitaine via la station de métro (question de prendre un petit répit de la pluie). On décide de ressortir du côté sud et de descendre Saint-Denis. Très peu d'activité commerciale en vue. On emprunte de Liège vers l'ouest, dans l'objectif de rejoindre Saint-Laurent en dernier recours. Quelques restos fermés, salons de coiffures et dépanneurs, mais comme dirait l'autre, «c'est pas c'que j'cherche!».

Nous voilà sur Saint-Laurent. Le paysage est aussi désolant qu'il ne l'est du côté Ahuntsic, comme nous avons pu le constater lors du deuxième épisode de ce rallye. Nous empruntons Saint-Laurent vers le nord, histoire de ne pas trop s'approcher du métro Jarry (un jour, nous le pigerons). Nous croisons encore des restos, puis nous atteignons enfin l'oasis : le Bistro Shadow. Une taverne de quartier des plus citoyennes avec assez de bizarreries pour plaire aux plus aventuriers des ivrognes.

Petit arrêt au guichet automatique en passant, qui exige pour s'y rendre de passer sur le terrain d'une résidence abandonnée, avec une clôture qui nous sert de rampe pour descendre une dénivellation, un fil électrique à haute tension qui baigne dans une flaque d'eau et un amas respectable de détritus divers. Pour remonter, on emprunte une chaise de cuisine abandonnée dans un parking, dont le coussin a épongé amplement sa part d'eau de pluie pour la journée.

On entre finalement au Bistro Shadow, on s'assoit, commande un pichet et la rondelle tombe sur la glace pour le début de la première période. Dans un coin, un trou dans le mur visiblement creusé à la cuillère semble mener vers un sous-sol caverneux très peu invitant. Pourtant, un panneau semble indiquer que les toilettes se trouvent par là. Hum. On ne saura peut-être jamais ce qui se cache dans ce sombre sous-sol. Sloth Fratelli?

Après 2 périodes, c'est 2-1 Canadien, on s'enligne pour s'assurer d'une place en séries, tout va bien. Mais on se tanne du Bistro Shadow. Bon d'accord, allons à la Brasserie du Métro.

Là bas, l'ambiance est beaucoup plus intense, le nombre de clients autres que nous y est multiplié par dix (il y en a dix) et ils ont de la Rickard's, ce qui est mieux que rien. Catastrophe, notre dérogation à la règle de ne pas aller dans un endroit qu'on connaît sera punie : Dany Heatley marque deux buts improbables et le Canadien perd le match contre les Sénateurs

C'est la fin. Rentrons chez nous.