Métro-bar #13 : Saint-Laurent

Wow. Pour cette édition spéciale du rallye métro-bars, nos invités ont été amplement choyés. Merci d'ailleurs à Christine, John, Guylaine et Julien de s'être joints à nous hier soir pour explorer les alentours, et découvrir les trésors cachés du métro Saint-Laurent.

Tel que nous l'avions annoncé, nous attendions donc à 19h00 devant les tourniquets de la station. On discute d'abord brièvement de stratégie d'exploration. Malgré toutes les promesses que recèle le nom de la station, nous devons nous rendre à l'évidence : nous n'irons pas très loin. À l'est, l'édicule de la sortie Saint-Denis de Berri-UQAM est situé tout près. À l'ouest, c'est la Place des Arts qui nous regarde de haut. Au sud, la ligne orange fait du boulevard René-Lévesque notre limite.

C'est au nord que la Main s'étend, où on trouve tout plein de places branchées, et tout ce que ça implique. Mais un instant... Déjà à la rue Prince-Arthur, le métro Sherbrooke est plus près. Rendus au coin d'Ontario, Raton se rappelle qu'il n'y a rien vers le nord d'ici Sherbrooke, à part le cabaret du Musée Juste pour rire, qui ne présente sûrement pas la game Hurricanes - Penguins ce soir. Vers l'est, il y a des bars en face du cégep du Vieux Montréal, mais c'est trop près de Berri-UQAM.

Nous choisissons la rue Clark pour revenir vers le sud. Quelques travaux sont en cours dans le secteur. C'est un euphémisme en fait, car il faudrait plutôt dire que le secteur est en train d'être détruit pour en fabriquer un nouveau. Nous remarquons l'arrière des commerces du boulevard en déambulant, et nous nous souvenons du fait que le quadrilatère s'étendant de Sainte-Catherine à Réné-Lévesque et de Clark à Saint-Laurent s'apprête à tomber sous les coups d'expropriations et de recontruction. Ça paraît, c'est tout croche. À peine remis de notre soirée dans les hôtels autour du métro Bonaventure, nous considérons brièvement l'option. Mais pas vraiment...

L'enseigne d'un commerce sans rapport avec nos intérêts arbore le mot «taverne» sur ses flancs gauche et droit. Mais le commerce n'a rien à voir avec de la bière. Ça fait deux fois qu'on se fait berner par ce mot invitant (voir le compte-rendu de notre soirée au métro Villa-Maria).

Résignés, nous revenons sur Saint-Laurent et c'est alors que nous voyons l'endroit le moins accueillant de tous les temps, tout en sachant que c'est exactement là où on s'en va : le Midway, à l'ombre du Club Soda. Une taverne tout ce qu'il y a de plus obscur et peuplée d'habitués, en plein coeur de l'ancien Red Light, du futur Quartier des spectacles, et à quelques pas de la fameuse intersection Saint-Laurent / Sainte-Catherine.

On y entre et il fait sombre, très sombre. Nous trouvons une place au centre du Midway, entourés de gens du troisième âge, ou même du quatrième. Nous nous souvenons du légendaire bar Sherbrooke, autrefois au coin de Sainte-Catherine et Sanguinet, et maintenant fermé après que l'UQÀM ait acheté l'édifice où il se trouvait. On dirait que les habitués du Sherbrooke se soient trouvés un nouveau nid ici. Plusieurs d'entre eux sont déjà attablés, cordés les uns à côté des autres face à la scène où Lyne Beauchamps fera son spectacle plus tard en soirée. À ne pas confondre avec Line Beauchamp. On commande chacun une grosse bière et le fun commence.

Un vieux monsieur nous regarde avec le plus grand sourire édenté que la vie m'ait donné l'occasion de voir. Le toit en forme de voûte au-dessus de notre table fait faire de l'écho à tout ce qu'on dit. La game de hockey sur la petite TV dans le coin n'intéresse personne. Même pas nous, en fait, tellement cet endroit est incroyable. Celui qu'on soupçonne être le gérant de Lyne Beauchamps s'attable près du stage, demi-litre de vin rouge à la main et costume de cowboy en prime. Dans notre monde imaginaire, il sera le Colonel Poitras. John soutient qu'il y aurait de quoi écrire un roman avec tous les personnages de cette taverne.



Une étrange machine attire notre attention. On y place les bouteilles de bière vides, et elle les mange. Nous n'avons jamais rien vu de tel. Voici une taverne du 21e siècle!



Des gens jouent avec le jukebox, ce qui fait que du pop-rap des années 90 précède Stairway To Heaven de Led Zeppelin et Janie's Got A Gun de Aerosmith. Et oui, ça commence à danser.

Le vieux monsieur de tantôt se bat avec les essuies-tout au bar après un accident d'éternuement. Il nous montre comment on se mouche dans un endroit comme celui où nous nous trouvons. La chose qui sortait de son nez aurait pu s'apparenter à une cravate. Unanimement, nous décidons que nous aurions pu nous en passer.

Le barman remarque bien notre émerveillement face à ce qui se passe autour de nous et nous fait remarquer qu'«ici, y'a un show de même tous les soirs et ça coûte rien. Y'a des choses ici que vous voyez jamais ailleurs». Un lutin passe devant nous (petit, oreilles pointues, avec chapeau, sans blague). Dans la salle de bains des filles, ouvrir le robinet d'un lavabo fait couler l'eau dans les deux lavabos en même temps. Le Colonel Poitras n'a pas bougé d'un poil, sirotant toujours son vin rouge.

Le bar possède une entrée secondaire à l'arrière, sur Saint-Dominique. Près de cette entrée se trouve une table de pool, et la Mission Métro-bar observe un nouveau défi. Nous sommes tous deux assez médiocres au pool. Il nous reste 55 stations de métro à explorer, et dorénavant, nous jouerons. Au soir 68, le dernier de notre mission, nous battrons quiconque s'y présentera. La présence d'une table de pool ne devient pas un critère, mais quand il y en aura une, nous devrons nous exercer. Nous verrons ce que ça donnera.

Dehors, près de la porte arrière, nous découvrons une petite porte d'à peine deux pieds de haut, qui mène probablement vers le monde magique des lutins (c'est de là que venait celui qu'on a vu plus tôt!).

Nous pourrions continuer comme ça pendant des pages. Ce fut la soirée la plus intense de la Mission, jusqu'à présent. Nous devrons déterminer si c'était la pire ou la meilleure, mais une chose est certaine, c'était indiscutablement la plus weird à ce jour. Heureusement que nous étions accompagnés d'invités, parce qu'on n'aurait probablement jamais enduré ça aussi longtemps. De 19h30 à minuit quand même, faut le faire.

Un arrêt à la pizzeria nous a permis de partager un repas en famille, avant de rentrer chacun chez soi.

L'idée d'inviter des gens était un succès. La deuxième soirée métro-bars ouverte au public aura lieu le samedi 6 juin prochain. La destination sera pigée et annoncée ici même à 18h cette journée. Le rendez-vous se tiendra à 19h. Soyez-y.

2 commentaires:

Karine a dit…

Ahh déçue d'avoir manqué ça!
Je me doutais du choix de l'endroit...

Julien a dit…

Hey, Pendejo! c'est moi qui voulait écrire un roman!

J.