Métro-bar #6 : Mont-Royal



Exceptionnellement, nous vous présentons ici deux comptes rendus de la soirée car nos récits respectifs se complètent magnifiquement.


Mont-Royal (par Ben)


C'est un difficile scénario de deux matchs en deux soirs pour l'équipe de la Mission Métro-bar cette semaine. Heureusement, on n'aura pas trop à se casser la tête en ce mardi de match crucial contre les Rangers: on aboutit au métro Mont-Royal.

Nos horaires de travail respectifs ont bien fait les choses aujourd'hui, on peut se permettre de se donner rendez-vous aussi tôt que 17h30, afin d'aller engloutir une poutine de la Banquise avant le début du match. Sur les lieux, c'est le rush de la sortie des classes (apparamment). Une quantité monstrueuse d'enfants font tellement de bruit qu'on espérerait un solo de marteau-piqueur pour calmer nos oreilles un peu...

Et détail fort inquiétant: on est incapable de dire si ces jeunes sont d'âge primaire, secondaire ou collégial. Je suppose que c'est le coup de vieux dont nous avions besoin. Tout comme celui qui nous happe lorsqu'on réalise qu'aucun de nous n'est capable de finir son assiette. «Le format régulier aurait été suffisant». «Oui, grand-papa, t'as raison».

En plein coeur du Plateau, on va où pour écouter la game? Oui, bien sûr, on le sait. Mais on est déjà allé très souvent aux Verres Stérilisés. Il faut donc trouver mieux. Il y a le Bar Normand, qu'on a connu dans le cadre d'un ancien projet, mais qui, paraît-il, a abandonné depuis ce temps-là sa clientèle de taverne pour devenir branché.

Il ne pleut pas, mais il fait froid. On s'y dirige donc, il n'est pas encore 19h, la game n'est pas commencée. On risque seulement de manquer l'analyse de Dave Morissette. Vous conviendrez qu'on est capable de vivre sans.

On arrive sur place. Plein de monde dans le cadre de porte et à l'intérieur, l'endroit est bondé de jeunes branchés et de musique enlevante. En à peine quelques secondes, on étouffe déjà. C'est insupportable. On sort rapidement.

Rendu dehors, deux possibilités. Aller vers l'est, au coin d'Iberville, pour voir si le Spot existe encore. Un endroit de front pas subtil où il faut sonner pour entrer, le billard est gratuit, le pichet à 6$, le toit coule et la musique est monstrueusement poche. Ou encore, aller un peu vers l'ouest, au Bar Mont-Royal. On était passé devant en chemin. Et à d'autres occasion également. Et je me suis toujours dit que ça devait être la dernière vraie taverne du Plateau. Parce qu'on s'entend que les Verres Stérilisés, c'est quand même pas mal mainstream.

Considérant le doute quant à l'existence du Spot, on se rend au Bar Mont-Royal. Une merveille. Ce bar est parfait.

  • La densité est parfaite, la faune locale, riche et fort bien diversifiée.
  • Un bar en U au centre de la grande pièce.
  • Authentiques chaises de taverne en bois.
  • Suffisamment de télés et le volume à un niveau ni trop haut, ni trop faible.
  • Une serveuse dévouée qui nous propose un pichet à 6$.
  • Une table de billard, une machine à pop corn, une salière sur chaque table.
  • Un juke-box, du Laurence Jalbert, une machine à toutous.
  • Un menu décriss où le vin revient deux fois dans la liste, une fois à 4,50$, une fois à 7$. Sans oublier les langues de porc dans le vinaigre.
  • On nous sert notre pichet avec deux authentiques verres de taverne.
  • Sur la table, on a un sous-verre en forme d'étoile de Ninja, au cas où...
  • Une proportion respectable des clients de la place boivent de la grosse 50. Ces gens-là savent vivre.
  • Les murs sont en bois, la déco n'est pas plus jeune que les années 70.
  • Près de nous, des personnages étranges aux allées et venues suspectes nous rappellent, je ne sais plus trop pourquoi, Alfred, Batman et Daniel Boon.
Une fort belle soirée. À revisiter à coup sûr. Même si le Canadien a perdu 3-1.


Mont-Royal (par Raton)


Deux matchs en deux soir pour l'équipe, ou devrais-je dire le duo, de la Mission Métro-bar. Vous avez déjà pu lire le compte rendu de la première de ces deux soirées. La suite se trouve plus bas. Pour la rencontre entre les Rangers et le Canadien, le 7 avril dernier, notre défi sera différent des précédents.

Cette fois, contrairement à notre habitude, il ne suffira pas de trouver un bar, chose ô combien facile autour du métro Mont-Royal. Non, il faudra dénicher, dans une zone vaguement délimitée par la rue d'Iberville à l'est, la rue Rachel au sud, l'avenue du Parc à l'ouest et un trait imaginaire parallèle à l'avenue du Mont-Royal, un peu au nord de celle-ci (mais pas trop près du métro Laurier), bref, trouver un bar présentant les qualités recherchée... et que nous ne connaissons pas déjà.

Ça peut sembler pompeux comme défi, et il existe probablement des endroits qui rempliraient cette dernière condition. Je ferai d'abord un petit retour sur deux autres endroits que nous connaissons et chérissons, pour diverses raisons.

D'abord, la taverne aux Verres Stérilisés, coin Rachel et Saint-Hubert, est la place ultime où aller regarder le match. C'est plein de partisans du Canadien, de bonne bière par chère, de pop corn gratuit, et d'un barman qui ressemble à Saku Koivu. Mais il s'appelle Éric. Arrivez tôt si vous voulez de la place.

Le Bar Normand, anciennement un magistral exemple de taverne du troisième âge, est désormais un endroit très couru pour les matchs du Canadien. C'est Miss Miller, la fille de ce blogue, qui me l'avait fait remarquer par l'un de ses billets. Je connaissais l'ancienne incarnation du bar, où il faisait bon arriver en groupe de 40 personnes afin de vider tout le stock de grosse Labatt 50... Le bon temps.

Nous décidons de mi-tricher et d'y aller ce soir-là, puisque le «nouveau Normand» nous est effectivement inconnu, sinon de réputation. Mais même en marchant rapidement après l'obligé souper à La Banquise (où semblaient réunis tous les enfant de 13 ans du Plateau, en plus d'un mini groupe de touristes), nous ne pouvons arriver chez Normand avant que la place soit presque remplie à ras bord.

Quelques secondes après être ressorti, je me rends compte d'avoir croisé la même Miss Miller dans le portique (à moins que je me trompe). Mais j'y ai pensé une seconde trop tard pour dire bonsoir. Je me corrige maintenant : bonsoir.

Non loin de là, toujours sur l'avenue du Mont-Royal, nous trouvons un lieu que vous avons souvent vu, mais que nous n'avons jamais visité : le bar Le Mont-Royal. En entrant, nous comprenons que c'est là que nous resterons toute la soirée. Ça sent la cafétéria de résidence pour personnes âgées, tout est en bois, et surtout le petit pichet coûte ce que coûte un petit pichet dans une taverne digne de ce nom : 6 $.

Nous nous laissons distraire par la faune du bar. C'est presque comme un souper théâtre. Dans un coin, le Doyen observe tout le monde du coin de l'oeil, craignant de se faire voler sa majestueuse pinte ornée d'un logo du Canadien, la seule du bar. Il est accompagné d'un Daniel Boone avec une canne, qui se lève aux trois minutes pour ne revenir qu'un quart d'heure plus tard chaque fois. Il doit avoir une vessie expéditive. Ou un penchant intermittent pour les machines à vidéo poker.

À un point, le Doyen doit reconduire l'Apprenti Doyen. Il prend sa voiture stationnée en avant de la porte (ça paye, arriver tôt) et revient quelques instants plus tard, seul. Une automobile est sommairement garée directement dans l'intersection de la rue De Brébeuf, avec les feux de détresse. Et le Doyen a pourtant retrouvé sa chaise et sa pinte. Est-ce sa voiture qu'il a laissée là, s'étant fait voler sa place de stationnement rêvée? Mystère.

Le même petit groupe de touristes qu'on avaient vus à la Banquise nous retrouve, le temps d'une bière. En fait, ils se retrouvent à la table d'à côté. À leur départ, je me demande si on devrait les suivre. Pour un touriste, voir le même duo de Montréalais dans trois endroits qu'il visite dans la même soirée, quelle image ça donne?

Notre manque d'attention déstabilise visiblement Carey Price. Les Rangers l'emportent 3-1 et le Canadien n'est toujours pas assuré d'une place en séries.

Heureusement, nous constatons que la voiture dangereusement abandonnée n'appartient pas au Doyen. Nous voyons plutôt un homme y entrer avec ce qui semble fort être un enfant kidnappé, et ils démarrent rapidement.

Ouf. Nous avons craint que le Doyen perde son permis de conduire.

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